Chronique iranienne

Je suis rentré de mon périple d’un mois qui m’a conduit du détroit d’Ormuz à l’océan Atlantique, en passant par la Mer Caspienne, la Mer Noire et la Méditerranée.

J’ai passé environ 11 jours en Iran, traversant le pays du sud (Bandar-Abbas) au nord-ouest (Tabriz). Quelques impressions récoltées en route.

L’Iran n’est pas l’enfer annoncé. Il y a dans ce pays 1000 fois plus de culture, de raffinement et de subtilité que chez les voisins du Golfe Persique (et qui sont nos alliés, même si Trierwieler s’y rend à moitié nue).

Il y a une minorité arménienne chrétienne, qui est libre de pratiquer sa foi. Interrogés directement, cette minorité arménienne n’a jamais été poussée à se convertir ou à quitter le pays. L’épuration ethnico-religieuse turque n’a pas eu lieu en Iran.

J’ai vu à Chiraz des gens boire du thé et fumer en plein jour pendant le Ramadan. Ce qui ne semble plus possible aujourd’hui en Algérie ou au Maroc.

Les chiites ont quelque chose de catholique. Les patrons semblent assez intransigeants, mais l’application par les troupes laisse à désirer. Les sunnites ont quelque chose de protestant. L’exigence morale est à la base de la population, il y a une forte pression sociale pour que les préceptes soient appliqués.

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Pour revenir à l’Iran, je ne tombe pas dans l’excès inverse, qui serait de dire que l’Iran serait le paradis sur terre. Comparé à certains de nos alliés (le Qatar, mais aussi la Turquie), l’Iran ne s’en sort pas trop mal. Alors, avant d’aller nucléariser l’Iran sous quelque prétexte fallacieux, je reprendrai les termes de la négociation d’Abraham avant l’extermination de Sodome et Gomorrhe:

Extermineras-tu le juste avec le méchant? Et s’il y avait en ville cinquante justes, extermineras-tu? Ne pardonneras-tu pas le lieu grâce aux cinquante justes qui se trouvent en son sein?



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11 réponses

  1. Les sunnites ont moins de considération pour les chiites que pour les chrétiens ,c’est dire.

    Magnifiques photographies et surtout celle de la Bible.

  2. Sur les chiites qui selon vous auraient quelque chose de catholique, c’est une chose qui m’avait frappé il y a quelques années. A contrario des sunnites, ils ont un clergé structuré et chapeauté par une sorte de guide spirituel. Ils ont également une manière de culte des saints. Toutes choses qui n’existent pas chez les sunnites et les poussent à considérer les chiites (de même que les alaouites et les druzes) comme des hérétiques.

    Quant à la stricte application du ramadan battue en brèche que vous avez observée, il ne faut pas oublier que la Perse conservé un vieux fonds hédoniste malgré son islamisation. Abû-Nuwâs et Omar Khayyam, poètes perses, chantèrent le vin, les jeunes et jolies femmes et se moquèrent des dévots bien avant que Le Tartuffe ne soit écrit.

    En tous cas, je suis ravi de votre retour et je dois dire assez envieux des merveilles que vous avez vues.

    • Bonjour cher koltchack, l’étendue de votre érudition me laisse souvent assez pantois! Je reprends péniblement le rythme, après ce voyage, un déménagement à Lyon, la rentrée des classes des mouflets.
      Je vais reprendre la lecture de votre blog et me remettre à écrire un peu, ici et ailleurs 🙂
      Amitiés

  3. Les Ahmadis sont encore moins tolérés que les chiites,L’Organisation de la conférence islamique les a déclarés non musulmans en 1973, leur interdisant le pèlerinage à La Mecque.

    • Bonjour grandpas, je ne connaissais pas les Ahmadis. La chose amusante est que les druzes, qui ne sont pas du tout musulmans, sont eux reconnus comme tels.
      Comme quoi l’importance politique d’un groupe lui donne des droits religieux divers!

  4. Très intéressant témoignage.

    Merci.

    • Merci Mamasc, ce ne sont que des impressions, rien de bien scientifique ni universitaire là-dedans!
      Au plaisir de vous relire

      • Les récits de voyage les plus plaisants, et généralement les plus proches de la réalité, sont généralement ceux qui ont été écrits par des dilettantes. Les scientifiques, les universitaires ne savent pas retranscrire les ambiances, la chaleur des peuples par mille et une anecdotes. Ils se perdent dans des considérations certes importantes mais qui ne reflètent pas la réalité humaine du moment. Quant aux beautés, ils passent généralement à côté. Ibn Khaldūn, Ibn Battūta, entre autres, ont su rendre vivants les pays qu’ils traversèrent justement en abordant le récit comme vous le faites : description de ce que vous voyez, relation des impressions.

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